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khimatoul khadim
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khimatoul khadim

VIP-Blog de toubalovers
modou769@hotmail.com

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  • Créé le : 14/04/2007 16:21
    Modifié : 05/09/2007 17:09

    Garçon (21 ans)
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    le Prophète ( Psl)

    05/09/2007 17:09



     


    A l'heure où la confrontation entre une certaine image d'un "Islam violent et intolérant" et la conception occidentale du monde paraît de plus en plus inévitable et atteint un niveau planétaire assez inquiétant, il nous a semblé opportun de fournir un certain nombre de matériaux de réflexion salutaires à même de rapprocher les deux versants de la fracture idéologique, à l'instar de cet important document (datant de 1979) du Cheikh Si Hamza Boubakeur, ancien recteur de la Mosquée de Paris ; texte qui, il faut le dire, incitant à un certain recul, devrait remettre fondamentalement en cause le coriace préjugé de la majorité des musulmans sur l'hostilité définitive des occidentaux envers leur religion. Les témoignages émouvants et sincères de grands hommes de l’Occident, sur la haute valeur du dernier Messager de Dieu (PSL) et de sa mission, figurant dans ce texte, constituent, en ce sens, un facteur de tolérance et d’acceptation mutuelle, seul fondement viable d’une coexistence pacifique des différentes civilisations humaines… Et comment ne pas s’émouvoir devant ce témoignage de Lamartine : "Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet…? Mahomet fut moins qu'un Dieu, plus qu'un homme : un Prophète
    "…

     

    Le Prophète Muhammad vu par les grands penseurs de l'Occident

    Par Cheikh Si Hamza Boubakeur, Ancien Recteur de la Mosquée de Paris


    Il va s'en dire qu'un Prophète d'une envergure aussi grande que celle de Muhammad - Dieu le bénisse et le sauve - qui apportait au monde une religion éclairante, libérale, tolérante, universaliste et rivale du Christianisme, ne pouvait laisser l'Europe d'hier et d'aujourd'hui, dans l'indifférence. Les guerres, les polémiques devaient à elles seules, la forcer à porter des jugements de valeur sur le dogme et l'apôtre de l'Islam.


    Jugements qui ont varié dans le temps et l'aire européenne, avant et après son émancipation intellectuelle consécutive à la Renaissance dont ont peut noter les premières lueurs dés la fin du XIIIe siècle ap. J-C., grâce à l'influence que l'Islam exerça sur l'Espagne, l'Italie, puis en France. La chrétienté qui n'a, durant des siècles, hésité devant aucun moyen, même les plus déloyaux, pour dénoncer l'Islam, a donné de notre Prophète une image déformée. L'hypercritique tendancieuse d'un orientalisme généralement hostile et de mauvaise foi, le colonialisme qui a partout trouvé dans l'Islam une force invincible opposée irréductiblement à son impérialisme et à son esprit de domination, ont également dressé une "muraille de Chine" entre l'Islam et le monde occidental, en calomniant l'homme qui en a été et demeure le vecteur et pôle de rayonnement.


    L'ennemi des religions révélées, le diffamateur des Prophètes bibliques, le détracteur des Ecritures, l'intraitable et le moqueur Voltaire (m. 1778), s'est attaqué avec hargne au Coran et à son transmetteur. Dans sa tragédie Mahomet (1739), il présente le Prophète sous les traits d'un imposteur intolérant et sanguinaire. Il est vrai que dans cette pièce diffamatoire, il visait surtout le christianisme. Il la dédia malicieusement au pape, lequel, avec la même malice, lui adressa ses bénédictions. Néanmoins, ses lectures, un examen plus sérieux de l'histoire de l'Islam et des traductions du Coran, ses relations personnelles, le comportement plein de tolérance des Turcs à l'égard des Chrétiens finirent par le forcer à modifier son optique et son jugement. Il se ravisa donc et en toute objectivité écrivit, à propos du Prophète: "Il faut avouer qu'il retira presque toute l'Arabie de l'idolâtrie. Il enseigna l'unité de Dieu ; il déclamait avec force contre ceux qui lui donnent des associés… Il était bien difficile qu'une religion si simple et si sage enseignée par un homme toujours victorieux ne subjuguât pas une partie de la terre." (Voltaire, Œuvres Complètes)


    Les inexactitudes de sa pièce, qui fut représentée en 1742, le tourmentèrent :  il en eu plus tard un peu honte et, en 1772, il revint sur la question : "Sa religion est sage, sévère, chaste, humaine : sage parce qu'elle ne tombe pas dans la démence de donner à Dieu des associés et qu'elle n'a point de mystères ; sévère parce qu'elle défend les jeux de hasard, le vin et les liqueurs fortes, et qu'elle ordonne la prière cinq fois par jour !…. Ajoutez à tous ces caractères, la tolérance". (Voltaire, Œuvres Complètes)


    Il n'en demeura pas moins accablé de remords, tracassé par ses injustes accusations contre Muhammad. Profitant d'une diatribe qu'il rédige  contre Jésus, il écrit : "J'ai fait Mahomet beaucoup plus méchant qu'il n'était." (Voltaire, Œuvres Complètes). Son contemporain , Johann-Wolfgang von Goethe (m. 1832) tenait le prophète de l'Islam en très haute estime et c'est sans doute sous son influence que le roi de Prusse Frédéric Wilhelm le Grand ordonna la construction de la première grande mosquée d'Europe occidentale à Mannheim. (Les dépenses afférentes à cette réalisation furent débloquées sur sa propre liste civile.)


    Au siècle suivant, un autre adversaire des dogmes révélés, Ernest Renan (m. 1892), spécialiste des Ecritures Saintes, Professeur à l'Institut catholique de Paris, rompt avec l'Eglise, devient libre penseur et s'attaque à tous les dogmes révélés. Il écrit cependant à propos de l'Islam : "L'Islamisme est une religion sérieuse, libérale, une religion d'hommes, en un mot, froide et raisonnable" et ajoute, en un autre passage : "Je ne suis jamais entré dans une mosquée sans une vive émotion ; le  dirai-je ? sans un certain regret de n'être pas musulman " (Ernest Renan, Œuvres Complètes).


    D'autres auteurs du même XIXe s. devaient, avec moins de réserve systématique, rejeter les délations calomnieuses de l'Eglise chrétienne et tenir le Prophète de l'Islam pour un homme exceptionnel. Le romantisme allemand d'abord, puis le romantisme français - Chateaubriand et Alfred de Vigny mis à part – à l'instar de Victor Hugo, à son retour d'Espagne et plus tard d'Algérie, ne manquèrent pas de créer un courant de sympathie en faveur de l'Islam et d'ouvrir la voie aux conversions.  La thèse, soutenue avec une insigne mauvaise foi par le clergé chrétien, selon laquelle "Mahomet était un imposteur", "l'apôtre de l'idolâtrie" et  "sa religion, celle de la polygamie et de l'esclavage" fut battue peu à peu en brèche et l'Islam fut de moins en moins injurié. "Mahomet était sincère. En faire un imposteur est une conception déshonorante… C'est un homme doué d'une personnalité originale, un messager qui nous apporte des nouvelles de l'Inconnu, de l'Infini…"  écrit le célèbre Carlyle (in Deuxième Conférence sur les héros de l'histoire). De son côté, Alphonse de Lamartine (m. 1869) rend, en ces termes, hommage à Muhammad et à son apostolat: "Jamais un homme ne se proposera volontairement ou involontairement un but plus sublime, puisque ce but était surhumain : saper les superstitions imposées entre le Créateur et la créature, rendre Dieu à l'homme et l'homme à Dieu, restaurer l'idée rationnelle et saine de la divinité dans ce chaos de dieux matériels et figurés : l'idolâtrie. Jamais un homme n'a accompli en moins de temps une si immense et durable révolution dans le monde, puisque moins de deux siècles après sa prédication, l'Islamisme régnait sur les trois Arabie, conquérait à l'unité de Dieu la Perse, le Horasan, la Transoxiane, l'Inde occidentale, la Syrie, l'Egypte, tout le continent de l'Afrique Septentrionale, plusieurs îles de la Méditerranée, l'Espagne et une partie de la Gaule. Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet…? Mahomet fut moins qu'un Dieu, plus qu'un homme : un Prophète" (in Histoire de la Turquie).


    Croire en un Dieu unique et tenir le Messager de l'Islam pour un vrai Prophète, c'est une conversion tacite au dogme coranique, car la conversion à l'Islam n'a rien d'un sacrement : c'est avant tout un témoignage (shahâda). On peut donc dire que Lamartine, sans l'avouer publiquement, était un musulman…


    Si la connaissance de l'Islam fait des progrès parmi les  élites intellectuelles, si  des poètes comme Rimbaud (m.1891) font profession de foi islamique, les masses populaires restèrent, comme de nos jours d'ailleurs, ancrées dans leurs préjugés, hostiles et moqueuses à l'égard de ce qu'elles appellent d'un terme dédaigneux "mahométisme". Avec le XXe siècle cette connaissance objective s'élargit peu à peu malgré l'hostilité méprisante du colonialisme et la faiblesse de moyens de défense ou d'information des musulmans. Dans l'enseignement officiel européen, aucune place sérieuse n'est faite à l'Islam et  à sa civilisation dans les programmes scolaires. De son côté la communauté musulmane ne dispose d'aucune organisation de diffusion de sa religion. Elle n'a ni maison d'édition, ni centre de propagande, ni association de missionnaires comme les Pères blanc ou l'armée du Salut. L'Islam gagne cependant du terrain par lui-même et pour lui-même [1]. L'orientalisme si hostile à l'Islam rectifie parfois son tir et quelques auteurs font preuve de moins de parti pris. C'est ainsi que le Suédois Tor Andra, professeur à l'université d'Upsala, a pu écrire : "L'inspiration de Mahomet était authentique… Il est peu vraisemblable, en effet, qu'un homme puisse gagner la confiance de ses semblables d'une façon pour ainsi dire illimitée. Muhammad a compris sa vocation avec le plus grand sérieux ; il a senti son cœur trembler devant le Roi du Jugement dernier ; il a accompli sa tâche prophétique avec crainte et terreur." (Mahomet et sa doctrine). Cette affirmation est même plus catégorique chez Francesco Gabrieli, un universitaire italien qui écrit : "Quelques points au moins peuvent être à présent considérés comme acquis. Avant tout, l'absolue sincérité de Mahomet ." (Mahomet et les grandes conquêtes arabes).


    Le regretté savant Gaudefroy Demonbynes a, par ailleurs, écrit en conclusion d'une longue enquête sur le Prophète de l'Islam : "Il a cru à la révélation descendue sur les Prophètes d'Israël ; il plaça à leur suite Jésus qui devenait leur prédécesseur, chargé d'annoncer son ultime et décisive mission. La main d'Allah le dirigea dans sa prédication, dans son activité politique, par la fondation d'un Etat, et dans la construction logique de sa réforme sociale… On rappelle son intuition d'une volonté du Tout-Puissant à ne révéler aux humains, par la voie de ses Prophètes, qu'une partie des destins qu'Il leur assigne. Muhammad ne fut pas un théologien, mais ce fut une âme supérieure et une intelligence exceptionnelle." (Mahomet)


    On pourrait remplir tout un livre de citations d'hommes de science, de poètes, d'écrivains, de philosophes et d'artistes en faveur de l'Apôtre de l'Islam. Il existe à l'heure actuelle (1979) plus de deux cent quarante traductions du Coran dans les seules langues européennes (y compris, l'espéranto) ; les traductions sont innombrables dans les langues d'Asie, d'Océanie, d'Afrique et d'Amérique du Sud et du Nord. Chaque traduction consacre un chapitre plus ou moins long,  plus ou moins valable, à son transmetteur. On y note cependant une tendance à la sympathie de plus en plus nette.


    Ce courant d'idées n'a pas laissé le Christianisme dans une hostilité figée contre la religion musulmane. Si Muhammad n'est pas encore réhabilité dans l'estime et la compréhension de son clergé, du moins les valeurs musulmanes sont-elles un sujet préoccupant pour les théologiens catholiques. Le dogme de l'Islam est l'objet de recherches sérieuses entreprises sous un angle de vue tout nouveau. Une telle modification d'attitude et d'esprit est due à l'œuvre considérable, à l'autorité et à la notoriété d'éminentes personnalités chrétiennes éprises de vérité, de tolérance et de fraternité humaines. Sont à citer dans cet ordre d'idées le père Don Miguel Asin y Palacios, le pasteur protestant W. Cantwell Smith, le pasteur épiscopalien W. Montgomery Watt, le regretté professeur Louis Massignon que nous avons eu le privilège de connaître d'assez prés. Leur probité intellectuelle et leur appréciation des valeurs musulmanes – Massignon comme son ami Charles de Foucault sont revenus au  catholicisme au contact de l'Islam, et après étude de son soufisme et de sa liturgie – les ont amenés à scruter, à analyser sans parti pris la réalité de l'Islam, à encourager les contacts avec les Musulmans et à dissiper les préventions. Grâce à leur loyauté, à leur science, à leur courage et à leur sincérité, la "muraille de Chine" est sérieusement ébréchée, la tolérance et l'intercompréhension ayant prévalu sur les polémiques stériles. Les vrais penseurs chrétiens, les ordres religieux d'hommes et de femmes étudient maintenant avec moins de préjugés  la puissance fécondante de la religion musulmane, la piété de ses adeptes, la valeur exceptionnelle de la mission de son Prophète, en un mot la spiritualité de l'Islam, les lumières captivantes de ses horizons, et ils les intègrent bon gré, mal gré, dans leur vision du monde. Néanmoins le dernier Concile œcuménique de Vatican II (1964), qui a rendu un hommage aussi vibrant qu'inattendu à la piété musulmane, n'a pas cru, pour autant, devoir dire un mot sur la personnalité de Muhammad, sans doute pour ne pas trop compromettre l'action missionnaire de l'église en pays musulmans [2].


    Mais quoi qu'il en soit, on peut dire que dans les milieux chrétiens le cas de notre Prophète n'est plus "liquidée" par une formule commode, une expression injurieuse toute faite, mais examiné et médité. A son égard, les opinions reçues n'étant ni loyales, ni payantes, se transforment de jour en jour, et l'on constate déjà dans leurs travaux les prémisses "d'un charisme d'Ismaël impliquant une vocation de caractère directif dans un sens atomiste" (Cf. Saint Thomas, II, Ilae). "Puisque la foi d'Ismaël reste ouverte au mystère chrétien, la prophétie de Muhammad ne relèverait-elle point d'une grâce charismatique, orientée comme tout charisme à l'accroissement de l'Eglise ? L'Islam se présente comme une religion de devenir, comme une salle nuptiale où se tient le festin… L'Islam apparaît sous l'image habituelle d'une route. L'Incroyant s'est égaré. Dieu le ramène vers une voie droite… la direction de Dieu, c'est bien la grâce implorée cinq fois par jour par tout croyant dans sa prière". (Charles Ledit, Mahomet, Israël et le Christ). La lecture de ce livre, si plein de méditation, de confrontation sincère et de ferveur raisonnée, est à recommander à tout lecteur de bonne foi, ainsi que des biographies du Prophète, plus complètes, plus fouillées et historiquement valables que l'on doit à des chrétiens aussi fidèles à leur foi qu'honnêtes envers eux-mêmes et envers le prochain, en particulier un ouvrage que nous avons déjà cité, celui de l'archimandrite, le père Virgil Gheorgiu. Un autre livre très appréciable dans cet ordre d'idées, est celui du catholique Emile Dermenghem : La Vie de Mahomet. Ouvrage de bonne foi, objectif, bien charpenté, écrit par un croyant catholique assoiffé de spiritualité. Reprenant le même sujet, sous un angle différent, il écrit : "Mahomet est à coup sûr un Prophète de la lignée biblique, lyrique, inspiré, âme ardente, cœur intrépide, avec les grandeurs et les faiblesses humaines… Il a en commun avec Israël un monothéisme intraitable… Mais il fut, surtout au début, beaucoup plus prés des Chrétiens, affirmant la mission de Jésus, Messie, Verbe et Esprit de Dieu, sa naissance virginale, l'immaculée conception de Marie, insistant sur l'Antéchrist, la résurrection, le jugement dernier, la vie éternelle".


    C'est ce qu'ont reconnu de nombreux savants, philosophes, écrivains, poètes, artistes européens qui se sont convertis à l'Islam, depuis Rimbaud jusqu'à Henry de Montfreid, en passant par Pierre Loti, Etienne Dinet et René Guénon pour ne citer que les Français. Après avoir vu le Coran Goethe devait dire, avant eux :


    "
    Si tel est l'Islam, ne sommes-nous pas tous musulmans ?".

     

    _____________


    1. Rappelons que ce texte date de 1979 et que le contexte décrit s'est sensiblement modifié depuis.

    2. Les prises de positions œcuméniques de l'ancien pape Jean-Paul II ont toutefois fait varier cette orientation officielle de l'Eglise depuis, malgré les récentes déclarations polémiques de Benoît XVI.

    Note : Cet article, tiré de l’excellente traduction française du Coran de Cheikh Hamza Boubakeur, a été déjà publié, en même temps que d’autres articles, dans le N° 0 de notre bulletin de recherche KHIDMA en ligne à cette adresse www.majalis.org/ouvrages/pdf/khidma_num0.pdf

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    Lettre du cheikh à un roi

    05/09/2007 17:06




    Cette lettre, intéressante à plus d’un titre, fut adressée par Cheikh Ahmadou Bamba à Samba Laobé, roi du Djolof, et constitue une importante exhortation à la relativisation de la puissance terrestre et à l’évocation constante des Réalités Immuables de l’autre vie. Le Serviteur du Prophète fait, à travers ce texte, une lecture assez frappante de la destinée humaine en général, de la précarité de la puissance terrestre et de l’exigence d’en user à bon escient en vue du bien-être du peuple. Leçon de Vérité ne saurait assurément être plus limpide…


    Vous pouvez également visualiser la version vidéo de la lettre à partir de ce lien
    www.majalis.org/mouridiyah/avi/SLaobe.wmv
                                                                                                                                                                  

    J'invoque la Protection de DIEU contre Satan, le lapidé.
    Au Nom de DIEU, le CLEMENT et MISERICORDIEUX.
    Certes DIEU est mon Maître.


    La Louange soit à DIEU qui fut toujours et qui ne cessera jamais d'être.

    Que la Paix et le Salut soient accordés au Prophète Muhammad, le Seigneur de tous les rois et de leurs ministres, le Maître de tous les hommes et de toutes les femmes. Que ce salut soit étendu aux membres de sa Famille et à ses Compagnons qui surent se départir des imperfections pour accéder à l’excellence.


    Ceci dit, cette missive est destinée à Samba Laobé, roi du Djolof, et émane de Ahmad ibn Muhammad Mbacké, le serviteur de DIEU, son MAITRE ABSOLU et dont il se suffit entièrement, qui lui transmets ses salutations les plus parfaites et les plus honorables.


    Je te fais savoir que j'ai bien reçu la lettre que ton émissaire devait me transmettre et dans laquelle tu me fis parvenir tes salutations et sollicitas auprès de moi des recommandations et exhortations ; raison pour laquelle je t'adresse ces mots-ci :


    Sache que le pouvoir que tu détiens actuellement en ce monde ne t'est parvenu qu'après avoir été soustrait des mains d'autres rois semblables à toi qui t'ont précédé. Et qu'un jour  viendra où ce même pouvoir te sera repris des mains pour être cédé à d'autres rois comme toi qui te succéderont. Par conséquent, s'il arrive certains jours où la vie te semble favorable et t'assiste contre tes adversaires, sache qu'il pourrait bien en être d'autres où elle favorisera tes adversaires contre toi. Et si souvent elle t'a fait rire, quelques fois aussi elle te fera pleurer. Que donc la joie qu'elle t'inspire ne t'abuse pas car ce monde est, par nature, trompeur et fourbe. Et il arrive souvent qu'il se retourne brutalement contre toi pour te leurrer et te faire tomber dans son piège.


    Aussi, je te recommande de toujours persévérer à assister les plus faibles, les pauvres et les nécessiteux, et de ne jamais tomber dans la tyrannie et l'injustice car « tout homme injuste le regrettera un jour» et « tout tyran assurera sa propre perte ».


    N’oublie jamais que la puissance que tu détiens et toutes les faveurs qui en découlent ne te sont, en vérité, parvenues qu’à travers la mort d’autres personnes qui les détenaient avant toi et du fait que ces mêmes faveurs se sont départies de ces dernières pour de bon. Par conséquent, attends-toi à ce que ces mêmes privilèges te délaissent un jour de la même façon qu’ils te sont parvenus. Fais donc preuve de persévérance dans les actes qui te seront utiles dans les deux mondes, ici-bas et dans l’Au-delà, avant que tu sois, un jour, obligé de tourner définitivement le dos à ces avantages ou bien que ceux-ci se détournent à jamais de toi.


    C’est ici que s’achèvent les recommandations que je te donne ; si jamais tu consens à t’y conformer, ce sera à ton profit, autrement… «Nous appartenons tous à DIEU et c’est vers Lui que nous retournerons » …

                                                                                                                                                                  


    Cette lettre historique fut adressée par le Cheikh à un membre de la dynastie royale (avec qui il était lié)  à l'occasion de la disparition de sa mère. Son contenu s'avère, à plusieurs titres, éminemment instructif en ce sens qu'il constitue une vive interpellation pour tout mortel investi d'un quelconque pouvoir  ici-bas et une injonction à tout savant à ne jamais faillir au rappel de la Vérité Intangible. Au cours de cette leçon de
    Tawhîd que nous dispense ici Khadimou Rassoul, l'on retiendra surtout que mors ultima ratio (la mort est la raison finale de toute chose)…


                                                                                                                                                                  

    Au Nom de DIEU, le CLEMENT, le MISERICORDIEUX.
    Certes, DIEU est mon MAITRE.

    Ô SEIGNEUR ! Accorde la Paix et le Salut à Ton Noble Envoyé.
    La Louange soit à DIEU, le VIVANT Qui ne meurt jamais, l’ETERNEL dont la Royauté subsiste.
    Puissent ensuite Ses Bénédictions être répandues sur notre Maître Muhammad, qui dissipa les doutes, sur les Siens, sur ses Compagnons et sur tous ceux qui perpétuent leur œuvre de délivrance…


    Ceci dit, reçois de ma part la plus excellente des salutations en même temps que mes déférentes [condoléances], à l'occasion du décès de ta mère dont la nouvelle nous est parvenue - puisse DIEU, le TOUT-PUISSANT, l'ABSOLUTEUR, nous favoriser, ainsi qu'elle, de Sa Miséricorde... Il ne te reste donc désormais qu'à prier pour le repos de son âme et à accomplir des œuvres de bienfaisance en sa faveur pour le restant de ta vie.


    Il t'incombe également [de ce jour] de tourner résolument ton dos aux vains plaisirs de ce monde, par un sincère repentir consistant à délaisser toute chose répréhensible au regard de la Shari'a - fut-elle hautement louée par la société - pour te diriger énergiquement vers les choses agréées par la Loi de DIEU- fussent-elles ouvertement condamnées par les gens. Saches que ce qui a fait disparaître ta mère, de sorte que tu ne puisses plus la voir aujourd'hui, te dérobera très certainement un jour à la vue des tiens. Saches aussi que, pour ce qui est de l'Ange de la Mort, ne peuvent le repousser ni régiments de gardes, ni pléthore de fusils ou de lances… Rappelle-toi donc des gardes de ton parent Silmakha DIOP et de ceux de ton neveu Samba Laobé ; rappelle-toi leurs cargaisons de fusils… Réussirent-ils le moins à s'interposer entre eux et l'Ange de la Mort ? Evoque aussi les puissantes armées de tes aïeuls, celles de tes pères et celles de leurs prédécesseurs…


    Veille donc à renouveler constamment ton repentir, en rendant les biens injustement acquis à leurs ayants droit légaux et en demandant pardon au SEIGNEUR. Si jamais tu disposes de dettes auprès des créatures, prends soin de t'en acquitter car tu ne seras quitte avec elles qu'à la condition de restituer pleinement leurs droits [matériels et moraux]. Pour ce qui regarde, à présent, le beau fixe de tes rapports avec DIEU, [il s'acquiert] à travers ta sincère quête de Son Pardon et ton réel repentir auprès de LUI. Hâte-toi donc de libérer ton cou du carcan des droits des musulmans avant que ne t'advienne la mort !  Saches enfin que ne te seront profitables auprès de ton SEIGNEUR [à l'Au-delà] que les actes exclusivement accomplis en vue de Sa Face Sublime.


    Ceci constitue l'Absolue Vérité ne souffrant aucune sorte d'objection.


    Si tu consens à agir en conséquence…"Alhamdu li Lâh" (La Louange revient à DIEU).

    Dans le cas contraire…"Inna li Lâhi wa inna ileyhi râjihoûn " (C'est de DIEU que nous procédons et c'est vers LUI où nous retournerons).


    L'auteur de ces recommandations en ta faveur est le plus indigent d'entre les indigents de ceux qui aspirent à DIEU - son MAITRE, ce SEIGNEUR Qui Se Suffit à LUI-MEME en dehors de quoi que ce soit d'autre - se prénommant Ahmad ibn Muhammad MBacké. Puisse DIEU, le TRES-HAUT, agir à son endroit à travers Ses Attributs d'Infinie Compassion, LUI le DETENTEUR DE L'INDULGENGE…

                                                                                                                                                                 


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    Cheikh Ahmadou Bamba, un artisan de la paix

    05/09/2007 16:59



    Cet article constitue la préface d'un ouvrage de Mamadou Touré, "Cheikh Ahmadou Bamba ou les fondements de la Voie Mouride, inspirés du Coran et de la Sunna", publié par une éditrice américaine, Michelle R. Kimball, auteur également de cette préface. Michelle R. Kimball est la fondatrice d'un mouvement pacifiste américain appelé International Peace Project (www.intlpeace.org), une organisation à but non lucratif, créée en 1998 en Californie,  qui s'est donnée pour mission de promouvoir la paix dans le monde par le biais de l'éducation, l'action humanitaire, les échanges culturels etc. Sa fondatrice, qui fit notamment partie des dizaines de militants pacifistes ayant osé violer, en 1998, les sanctions imposées à l'Iraq par l'ONU pour apporter au peuple iraqien de la nourriture et des médicaments, nous présente ici, à n'en point douter, un regard frappant et une approche assez saisissante de la portée réelle et universelle des enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba, du sens de son combat non-violent et de la haute valeur sociale de son patrimoine spirituel, idéologique et culturel ;  un regard dont les profondes et logiques implications dans les oppositions civilisationnelles actuelles et les conflits  géostratégiques du monde moderne, bien actualisées, peuvent quelques fois, nous le verrons, donner presque le vertige…

    Cheikh Ahmadou Bamba,
    Un Musulman du Vingtième Siècle Artisan de la Paix

    Par Michelle R. Kimball, Santa Barbara, Californie (USA), Février 2005


                Dans le contexte hautement tourmenté du monde actuel, caractérisé par le choc apparent des civilisations islamique et occidentale, la vie d’un musulman artisan de la paix mérite d’être mise en évidence : un saint musulman qui mena, au cours du siècle passé, un combat victorieux et entièrement non-violent pour la paix. Sa vie enrichissante, passée en Afrique de l’Ouest, fut marquée par 33 ans d’emprisonnement mais son profond message demeure universel et se perpétue jusqu’à nos jours à travers la vibrante tradition qu’il a léguée.

                Cheikh Ahmad ibn Muhammad ibn Habiballah, plus connu sous le nom de Cheikh Ahmadou Bamba (1854-1927), a laissé une quantité  impressionnante d’odes, de prières, de poèmes et de riches textes portant sur l’éducation  spirituelle et religieuse.  L’œuvre littéraire de Bamba peut ainsi être rangée en 7 catégories, la plupart étant versifiée en métriques rythmées :

    1. Poésie et adab (règles de bienséance spirituelle),

    2. Apprentissage des pratiques et des principes de l’Islam orthodoxe,

    3. Ecrits composés durant l’exil,

    4. Ecrits glorifiant Dieu et faisant l’éloge du Prophète,

    5. Oraisons initiatiques et litanies mystiques,

    6. Instruction,

    7. Invocations.


    Bamba a ainsi écrit : "Je suis venu pour enseigner et insuffler la connaissance à tous ceux qui désirent être préservés des ténèbres (de l’ignorance)" [1]

    "Les écrits du Saint homme sont à la fois très éducatifs au plan extérieur tout en demeurant profondément ésotériques. Ce qui implique qu’une étude attentive soit nécessaire pour pénétrer leurs arcanes" comme s’y accordent aussi bien ses disciples que certains  chercheurs occidentaux comme Louis Massignon [2].


                La plus grande partie du patrimoine sacré, littéraire et musical de Bamba n’est jusqu’ici pas encore traduit dans les langues occidentales à partir de l’arabe et du wolof. Ainsi le nombre des œuvres de Bamba traduites en anglais reste relativement peu important en dépit du fait, comme l’écrit David Robinson, que Bamba soit devenu l’un des poètes et maîtres mystiques les plus extraordinaires des 100 dernières années [3].


                Au moins 41 parmi ses ouvrages ont été publiés, mais il est rapporté qu’une grande partie de ses écrits demeure encore cachée et n’est pas encore éditée. Ce qui a été publié de ses écrits, pour la plupart d’entre eux, est souvent imprimé de façon assez informelle sur du papier de qualité moyenne dans les imprimeries de Dakar, de Casablanca et quelques fois de Tunis [a]. Il existe aussi des travaux en arabe effectués sur Bamba, de même que des études spécialisées en anglais sur l’impact historique, sociologique, économique et politique du mouvement qu’il a fondé, au même titre que de ferventes œuvres s’inspirant de son combat,  de ses miracles et des récits légendaires sur sa vie. Quant aux travaux publiés en français, ils comprennent une biographie de Fernand Dumont consacrée à la vie spirituelle de Bamba, de même que des correspondances entre Bamba et les autorités coloniales françaises collectées par Oumar Ba [b]. L’une des recherches les plus complètes publiées en anglais fut menée de façon magistrale par Allen F. et Mary Nooter Roberts [UCLA Fowler Museum of Cultural History, Education Department, Los Angeles] et porte sur la culture artistique qui s’est développée autour du patrimoine de Bamba. Leur longue recherche (qui intègre un grand nombre d’aspects de la vie de Bamba et de ses enseignements) a donné naissance à un programme académique [4] et à un musée itinérant très vivant dont les expositions font actuellement le tour des Etats Unis [5].


                Dans le vaste paysage et la riche diversité d’expressions de l’Islam en Afrique, la zone de l’Afrique occidentale, le Sénégal en particulier, représente un cas exceptionnel d’épanouissement de la religion et d’intégration entre la pure orthodoxie et la mystique classique. La tradition spirituelle, préservée et symbolisée par les grands maîtres spirituels de cette région, a inspiré et imprégné d’une touche spirituelle unique toutes les composantes de la culture locale : extérieures, musicales, urbaines, économiques, sociologiques, spirituelles et littéraires. La cohésion sociale et l’évolution culturelle qui se sont construites autour de l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba, en particulier, peuvent être considérées comme simplement prodigieuses.


                Historiquement parlant, l’islamisation de l’Afrique Occidentale se fit, à travers le commerce, par l’intermédiaire des voies mystiques et grâce à la remarquable influence des fondateurs des grandes confréries musulmanes, particulièrement Cheikh ‘Abd al-Qadir Jilani (m. 1166), Cheikh Ahmed al-Tijani (m. 1815) et Cheikh al-Shadhili (m. 1236). Cheikh Ahmadou Bamba (qui a été initié à toutes ces trois confréries) fonda en 1883 un ordre nouveau, la Muridiyyah. Bamba, qui affirmait : "L’amour de Dieu constitue ma religion", reconnut cet éminent héritage spirituel et attesta qu’il ne fit rien d’autre que transmettre en vers le message invariable des nombreux illustres maîtres spirituels l’ayant précédé, tels que Al-Basri, Ibn al-‘Arabi, al-Junayd, al-Hallaj, Ibn ‘Atallah, Al-Ghazali, ‘Abd al Qadir al-Jilani, jusqu’aux plus récents fondateurs, propagateurs ou vivificateurs des confréries d’Afrique du Nord, tels que al-Zarruq, Ahmad al-Tijani, al-Sanusi, al-Shadhilli, de même que celles d’Afrique au sud du Sahara, comme Muhammad al-Yadali, Muhammad al-Daymani ou Mukhtar al-Kunti. Sur cette terre sénégalaise des saints et des confréries soufies, près de quatre-vingt-dix pourcent de la population est affiliée à l’une des trois grandes voies spirituelles : la Muridiyyah [6], la Tijaniyyah ou la Qadiriyya.


                Malgré l’opposition d’obstacles apparemment insurmontables, la confrérie soufie mouride a aujourd’hui atteint un sommet dans sa puissance et dans son influence populaire, politique et économique. "L’expansion de cette tariqah [voie soufie]", écrit Spencer Trimingham, "se doit d’être perçue comme la force religieuse la plus puissante au Sénégal. " [7]


                Le Sénégal est considéré comme un modèle de démocratie en Afrique [8] ; c’est ainsi qu’au milieu du climat globalement agité de l’Afrique, le Sénégal réussit à élire, en 2000, de manière tout à fait pacifique, le Président Abdoulaye Wade, un mouride.


    «Le Mouridisme constitue l’un des caractères les plus distinctifs de la vie sociale sénégalaise. En effet, il ne serait point possible de comprendre comment la « pétillante et vigoureuse démocratie » républicaine en a fait un «foyer d’espérance…au milieu d'une région troublée » si l’on n’apprécie pleinement son mouvement religieux le plus influent au point de vue économique et politique. Le Mouridisme constitue ainsi le lien entre toutes les activités profanes et religieuses.

    Le Sénégal possède également une longue tradition de coexistence pacifique et de tolérance entre la majorité musulmane, les chrétiens et les autres minorités religieuses. La frappante stabilité du pays peut ainsi être directement attribuée au rare équilibre de pouvoir entre le gouvernement sénégalais, les mourides et les autres communautés religieuses. » [9]


               
    La valeur de l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba ne réside pas uniquement dans son attrait pour les sénégalais mais également pour ce qu'il symbolise aux yeux de tous ceux qui s’intéressent au phénomène de l'intégration de l’Islam dans une société donnée. En effet, les perceptions des occidentaux envers l’Islam ne prennent pas habituellement en compte les modèles africains mais se limitent souvent aux modèles arabes, d’Asie de l’Est ou wahhabite, constituant les modèles dominants chez les communautés immigrées en Occident, à travers notamment leurs pratiques religieuses quotidiennes et à l’intérieur de leurs mosquées. La version de l’Islam exportée par les immigrés, détachée de son foyer spirituel, devient souvent aride et a tendance à perdre sa vigueur interne et sa vitalité, bases de sa capacité d’adaptation à la société occidentale. Au-delà de la valeur même de la vie de Bamba et celle de ses enseignements pour certains groupes sociaux particuliers, il a su également rappeler l’aptitude de la religion à s’adapter à différentes cultures et à divers peuples, de même que le caractère d’universalité de la religion à travers ses fondements essentiels.


                Le succès du mouridisme constitue en ce sens une exception par rapport à ce que l’on observe habituellement dans le monde moderne : l’abandon, le rejet et la perte de cette profonde tradition religieuse ou même sa trahison et son éviction de la sphère politique, sociale et intellectuelle [10]. L’influence mouride dans la société sénégalaise constitue une preuve que la force et la vitalité de cette dimension essentielle de la tradition de l'Islam, associée à l’importance sociale des voies spirituelles, peuvent aider à maintenir la cohésion du tissu social.


                Il existe également une remarquable culture folklorique bâtie autour du patrimoine de Cheikh Ahmadou Bamba [11]. On peut aussi aisément déceler dans la littérature populaire, dans les caractéristiques urbaines, musicales et extérieures de la société sénégalaise, l’essence même des enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba, ce qui démontre la capacité d’une tradition authentique à transformer le cœur et l’âme d’un peuple et d’une société.


                Certes, une analyse plus poussée de la contribution de Bamba dans le renouveau culturel et spirituel de son peuple démontrera, à n’en pas douter, la véritable portée que son message universel et son combat non-violent ont pour atteindre la paix dans le monde d'aujourd'hui.

    Michelle R. Kimball
    Santa Barbara, Californie
    Février 2005

    ___________________






    Le réalisme pragmatique du " cheikh suprème " de la mouridiyya.

    05/09/2007 16:55




    Cette passionnante réflexion sur la forme de lutte pacifique adoptée par Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927) envers les colonisateurs français et sur les implications de cette attitude sur l’évolution historique ultérieure du Sénégal moderne ne cesse assurément de frapper par son caractère neuf, profond et actuel, au vu surtout des problématiques contemporaines auxquelles fait face l’Islam de nos jours dans le monde entier. Le professeur Mouhameth Galaye NDiaye, toujours fidèle à sa démarche académique rigoureuse et sans concession caractéristique de cette nouvelle intelligentsia de la «Renaissance Mouride », et fort d’un rare pedigree en sciences religieuses et sociales, en théologie et en philosophie, nous dispense ici un mémorable cours magistral (extrait d’un ouvrage actuellement en gestation) sur les profondeurs saisissantes de la riche pensée du Serviteur du Prophète (PSL) très peu explorées jusqu’ici, il est vrai…


    LE REALISME PRAGMATIQUE DU "CHEIKH SUPREME" DE LA MURIDIYYA :

    « Le stratagème de l’existant »


    Par le Professeur Mouhameth Galaye N’DIAYE

    (Philosophe et théologien)


    De mémoire de sénégalais, voire d’africain jamais l’irruption d’un homme sur l’échiquier politico-social et religieux n’a été autant chargée d’enjeux que lourde de conséquences.  A la volonté du peuple de faire de Ahmadou Bamba, puisque c’est de lui qu’il s’agit, le pôle de la résistance en le poussant à appeler au Jihâd (féttal’al jihâr ñu top’la), se dresse la rivalité acharnée de certains marabouts jaloux de leurs privilèges et surpris par la montée soudaine en puissance du nouveau venu. Et, tandis que se dessine d’un coté, une farouche détermination coloniale de réduire à néant toutes velléités jihâdiste ou autres, se radicalise de l’autre, comme pour complexifier davantage la situation, le combat obstiné de l’aristocratie ceddo, pas encore tout à fait à genou, et qui ne cesse de multiplier les démarches pour rallier le saint homme à sa cause. Pour le marabout, une bonne appréciation de la situation qui tienne compte de tous ces paramètres s’avère plus que jamais nécessaire. L’histoire retiendra toujours la manière si particulière avec laquelle il fit face à toutes ces interpellations. Rarement un homme, confronté à pareil dilemme, a su montrer, en préservant toute sa dignité, autant de tact et de doigté que de finesse d’esprit.  Car, en plus d’avoir bien cerné la gravité de la situation, le Sheikh s’illustra par une grande lucidité et un esprit didactique très aiguisé, en prenant à témoin les seuls membres éminents de son entourage, forçant de ce fait le respect et l’admiration de tous. Voici littéralement, telle la maïeutique socratique, la manière très méthodique dont il s’y est pris :

     « Un jour, bien avant sa déportation, devant les membres de sa famille inquiète de ses relations avec les Autorités coloniales, Ahmadou Bamba posa les questions suivantes :

    -                        Où est Ma Ba Diakhou BA ? tué à Somb!

    -                        Où est Ahmadou Cheikhou le Lam-Toro ? tué à Samba-Sâdio!

    -                        Où est Mamadou Lamine ? tué à Lamen-kotto!

    -                        Où est Lat-Dior Ngoné Latyr ? tué à Dekhlé! 

    -                        Où est Samba Laobé Khourédia MBODJ ? tué à Tivaouane!

    -                        Où est Alboury NDIAYE ? parti en exil! » [1]    


                Cette édifiante et terrible conversation démontre, à souhait, que pour le Sheikh, toute tentative militaire d’entraver l’expansion française dans le pays, à l’époque, était vouée à l’échec ; car l’envahisseur disposait d’un armement hautement perfectionné, vainement comparable à la vétusté des moyens de défense dont disposait le peuple envahi. Ce réalisme khadimien qui transparaît au travers de ce texte jure, malgré les apparences, avec tout esprit défaitiste. (Démonstration en sera faite dans les lignes qui suivent).

                Au-delà de ces considérations d’ordre exotérique, la présence coloniale était perçue par le marabout, d’un point de vue strictement ésotérique, comme une opportunité unique de réaliser ses desseins mystiques. En effet, le fameux Pacte du Khidmat conclu en 13011H/1894 avec le Prophète contenait des clauses rigoureuses de mise à l’épreuve. La mise en œuvre dudit Pacte impliquait la présence impérative d’un  redoutable "bourreau".

                La présence française offrait, pour ainsi dire, au marabout la double possibilité de se mettre en action pour réaliser sa destinée mystique et de se poser, concomitamment, en défenseur du peuple. Cette capacité de retourner à son profit une situation donnée et de capter le réel dans sa nudité s’étaient déjà signalés très tôt avant même l’année du Pacte à travers sa rencontre avec Lat-Dior roi du Cayor en 1304h/1886. En effet, c’est aux pires moments de désoeuvrement, de solitude, de déchirement intérieur que Lat-Dior, inconsolable, est venu solliciter conseil et réconfort auprès du Sheikh. Ce fut sans doute le prétexte guetté par le marabout pour divulguer ses intentions et déclarer obsolète la lutte par les armes. C’est, justement, Sérigne Bachirou MBACKE (célèbre biographe et fils de A. Bamba) qui nous rappelle à cette occasion la réponse, restée célèbre dans l’histoire de la résistance coloniale au Sénégal, que le marabout assena au roi déchu, affaibli par la saignée de son armée, tourmenté par les défections familiales et s’entêtant, par un sursaut d’orgueil suicidaire propre aux ceddo, à vouloir vaille que vaille affronter l’armée coloniale française :

    « L’avis, en ce qui concerne les vicissitudes et les traîtrises de la vie, est de se détourner d’elle en laissant aux "nouveaux maîtres du pays" [les Français] le soin de le gouverner, car ils semblent si forts que rien ne peut leur résister à moins que la volonté divine s’y oppose. Et il n’est point permis à quiconque doué de raison d’y apporter la moindre controverse (...)»[2].

    Déclaration pour le moins surprenante, de la part d’un Sheikh-ul murabbî (maître spirituel) de la trempe du Sheikh. Elle suscite, en toute légitimité, étonnement et interrogations au vu du grand fossé qu’il semble y avoir entre la légendaire foi mystique du marabout et la position de résignation apparemment accusée ici. Car il est généralement admis dans les grandes croyances religieuses que la victoire sur l’ennemi n’est fonction ni de la puissance ni du  nombre des forces en présence mais repose plutôt sur la foi inébranlable des combattants. La confiance en la Foi religieuse comme arme supérieure, même portée par un nombre minime, est souvent perçue comme force victorieuse contre toute adversité. «Combien de fois une troupe peu nombreuse a, par la grâce d'Allah, vaincu une troupe bien plus importante!» Al-Baqara (la vache), V. 246.

    On pourrait alors s’interroger sur les raisons qui ont conduit le Sheikh à passer délibérément outre ce précepte? Percer ce mystère permettra de déceler le bon sens qui sous­­-tend ses agissements. En effet, la dérogation apportée à ce principe est éminemment instructive dans la mesure où elle permet de saisir la personnalité profonde du Sheikh. Guidé par un parfait sens des réalités, il met en veille tout son bagage mystique pour reprendre le personnage du « bon père de famille » qui s’efforce d’épargner à ses compatriotes les atrocités d’une confrontation inexorablement vouée à l’échec. Le Sheikh était pertinemment conscient qu’il n’y avait pas de commune mesure entre la force de la Puissance expansionniste coloniale et la résistance des populations sénégalaises habituées à des formes de guerre remontant à des époques révolues. 

    Paul Marty, officier interprète de l’administration française, n’a pas manqué, dans ses chroniques, de mettre en relief ce réalisme du Sheikh : « Ahmadou Bamba -malheureusement pour lui- est arrivé trop tard. Il s’est constamment heurté à l’expansion française alors en pleine vigueur. Le rôle des Hadj Omar, des Ma Ba, des Amadou Cheikhou, des Mamadou Lamine, des Samory, encore possible jusqu’en 1898, ne l’est plus depuis cette époque ; il a bien fallu – et non sans peine – que Sérigne Bamba s’en rendît compte. »[3] C’est bien ce que le Sheikh a compris en mettant au point une nouvelle tactique qui rompt avec ce à quoi la poudrière politico-sociale de l’époque nous avait accoutumée jusque-là. Selon les aveux mêmes du marabout, c’est de façon délibérée qu’il choisit cette option : « Mon  combat se fait par le savoir et la crainte révérencielle de Dieu en ma qualité d’Esclave de Dieu et de Serviteur du Prophète, le Seigneur qui régente toute chose en est témoin [4]».


           Il en ressort que les enjeux de la lutte contre le colonisateur tels que compris par le marabout apparaissaient foncièrement différents de ceux de ses prédécesseurs. L’incitation à l’abandon des armes annonce solennellement le déploiement d’une stratégie de lutte savamment étudiée. Le but principal visé étant de libérer la conscience de ses concitoyens aussi bien de la tyrannie de l’aristocratie ceddo que des exactions et méfaits de la domination occidentale. Pour lui, contre toute évidence à l’époque, l’objectif crucial à atteindre était la libération de l’esprit du Sénégalais de toute forme de servitude d’où qu’elle vienne, d’éveiller sa conscience afin de lui rendre accessible, par la liberté ainsi retrouvée, la possibilité de présider consciencieusement à sa destinée et à celle de son pays. Ce n’était pas le souci des bellicistes dont l’acharnement contre l’envahisseur n’était motivé que par la volonté et l’espoir de retrouver les privilèges compromis par l’implantation du nouveau système. Pour eux l’enjeu essentiel était de débarrasser le territoire de la mainmise occidentale, sans regard au prix que cela pouvait coûter. La lutte à mort s’ouvrait ainsi entre les deux systèmes rivaux. Il ne s’agissait, pour les partisans de la guerre, ni plus ni moins que d’un rejet en bloc de l’idée même de la présence étrangère et, par suite, n’avaient d’autre alternative que la lutte jusqu’à l’anéantissement. Le marabout lui, ne semblait manifester aucune hostilité quant à la présence sur le territoire sénégalais des étrangers français. Il avait jeté tout son dévolu dans la lutte contre les exactions et les injustices des uns et des autres. Il n’entendait nullement laisser supplanter une forme d’injustice par une autre. S’il a toujours abhorré le système ceddo au point de ne lui avoir jamais manifesté le moindre intérêt, on a pu remarquer, en revanche, que face à la domination française, même si le marabout est demeuré intraitable sur la question de la foi, il a semblé être, à certains égards, bien plus condescendant à l’endroit de la civilisation des intrus, certes, toutes proportions bien gardées. La différence de vue entre le Sheikh et les partisans de la lutte armée fut non seulement imputable aux objectifs visés, mais elle était due également et surtout aux ambitions assignées à l’action des uns et des autres.

               
                Plus qu’une différence de degré, il s’agit là, véritablement, d’une différence de nature. S’il ne fait aucun doute que le camp favorable à la confrontation armée visait une libération pure et simple du pays (selon le marabout, non souhaitable et vouée à l’échec vu le caractère nécessaire de la colonisation et l’évidente distorsion des forces en présence), Ahmadou Bamba quant à lui, parfaitement conscient de cette réalité (inégalité des forces) et convaincu du profit que le pays pourrait tirer de la présence coloniale (c’est ce que j’entends d’une certaine manière par «  nécessité de la colonisation »), avait concentré toute son énergie dans la lutte pour la reconnaissance des libertés et notamment celles de conscience et de culte. Pour lui, l’idée était qu’il fallait, tout en préservant la foi religieuse en l’Islam, se mettre en position de bénéficier de tous les avantages et bienfaits qu’offre la Modernité "occidentale". Selon la vision du marabout, pour ce qui concerne la qualification usuelle des civilisations, la référence aux peuples qui les portent, bien qu’étant tout en leur honneur, ne marque pas une différence de nature mais plutôt elle fait état d’une différence de degré, par exemple, civilisations, égyptienne, hindoue, grecque, arabe, européenne, africaine, etc. En réalité, ces références ne traduisent que les différents épisodes de l’Aventure Humaine ainsi que le niveau de sa maturité (Histoire de l’évolution de la  Pensée Humaine). La grande sagesse du Sheikh l’avait amené à faire accepter à ses contemporains l’idée de l’impossibilité d’une marche du peuple sénégalais à rebours des acquis les plus précieux de la modernité. Peu importe le peuple qui en revendique la paternité. Encore une autre façon de reconnaître l’utilité de la présence (colonisation ?) française. L’essence de l’action du Sheikh se retrouve dans le fait qu’il avait imposé aux colons et à ses compatriotes un remodelage total du système (la colonisation) pour le transmuer en une politique plus respectueuse du peuple, de son organisation sociale (la royauté), de ses coutumes (valeurs traditionnelles) et de ses croyances (Islam). En d’autres termes, son souhait était de voir s’instaurer un climat de confiance et de respect mutuel garants d’une véritable politique de "coopération et de participation" qui privilégie un partenariat susceptible de gérer efficacement les intérêts de la Colonie (devenue le territoire de l’Etat du Sénégal) et de ses populations (citoyens de cet Etat), prélude du Sénégal moderne. C’est par cette voie (Décolonisation) initiée par le Sheikh que se satisferont les revendications et les exigences portées plus tard par d’autres illustres fils du pays et qu’on a résumé par les formules, entrées successivement dans la postérité : "L’indépendance dans la communauté" et "l’Indépendance totale". "La voie du Dialogue" venait de faire ses preuves et restera une des vertus magnifiée par le nouvel Etat et idéalisée par ses hommes et ses femmes. Elle demeurera un des traits caractéristiques de ses valeureux citoyens. C’est donc le choix de la voie de la non-violence, inaugurée par le Sheikh, qui aura indubitablement permis de défricher le terrain du dialogue qui fécondera graduellement l’indépendance nationale et l’installation progressive des sénégalais aux commandes de l’Etat naissant (Indépendance octroyée, le maintien, longtemps après la déclaration de l’Indépendance, de hauts fonctionnaires français au sommet de l’Etat).

    C’est dans cette perspective qu’il faut envisager l’œuvre du saint homme. Car le champ d’action et d’influence ciblé par le Saint du Baol était tout à fait identique à celui visé par les colonisateurs. Ceci est compréhensible du fait que le marabout avait prôné la renonciation à toute confrontation directe avec les intrus pour mobiliser toutes ses ressources dans la bataille intellectuelle (libertés politiques et les droits citoyens) et spirituelle (libertés de conscience et de culte, tuqâ). Cette stratégie originale consistant à partager le même champ d’action que l’ennemi, dans le but de le transformer en allié, nous paraît sans précédent dans l’histoire de la résistance à la colonisation. Tout apparaît comme si le marabout, voulait inviter les autorités coloniales à qui mieux mieux dans la bataille pour l’influence et le contrôle des masses paysannes. Il ne cherche nullement à bouter les toubabs (blêmes) hors du pays mais à leur faire accepter sa présence comme acteur incontournable dans la conquête et la direction de la conscience du peuple. Pour lui, toute tentative de combat était improductive et menait lamentablement à la défaite. Comprenant cela bien mieux que quiconque, il s’était aligné dans le sens du combat pour les idées et de la conquête des libertés. Il offrait aux populations de manière paisible dans une ambiance généralement pacifiée une autre vision du monde. Le marabout ne mettait au défi les idéaux-colonisateurs que pour mieux les confondre et les combattre. Il provoqua, par ce procédé proactif, la chute de « l’ancien système ». Il avait acquis l’intime conviction que la nouvelle civilisation apportée par les Blancs renfermait des aspects incontestablement positifs et qu’il était  recommandé sinon nécessaire d’en tenir compte.

    La pertinence de cette position, d’un point de vue strictement historique, confère au combat du Sheikh une portée tout à fait particulière. C’est une "curiosité" dans ce domaine. Il faut en effet constater que le Sheikh laissait agir les colonisateurs sans se confronter à eux directement, mais en échange, il s’arrogeait le droit d’agir à sa guise sans devoir rendre compte aux autorités coloniales de son action. Ce faisant, il procurait aux populations plongées dans l’environnement pervers et matérialiste de l’époque, la possibilité de corriger les lacunes inhérentes à ce système et, par conséquent, de s’amender honorablement. De nos jours, on pourrait déceler ce double aspect des choses chez les tâlibés murîdes : résolument tournés vers le progrès et la modernité mais aussi profondément enracinés dans les valeurs nationales et spirituelles. Une attitude que le Sheikh a léguée à la postérité [5] : c’est l’idée de «l’enracinement-ouverture» théorisée plus tard par Léopold Sédar Senghor, Cheikh Anta DIOP et autres.     

    Les exemples ne manquent pas pour étayer cette affirmation. En effet, il existe d’innombrables cas où le marabout montre son intérêt pour la culture française et reconnaît à la civilisation de l’envahisseur une certaine qualité. Il suffit de rappeler à ce propos la consultation que le marabout a mené pour recueillir l’avis de son entourage suite à la demande de l’administration coloniale au sujet de la création d’une école Franco-Mouride. A cette occasion, le Sheikh s’était rangé à l’avis de son cousin Sérigne Mbacké BOUSSO (1864/1281h-1945/1364h), qui préconisait une acceptation de cette demande en arguant que leurs enfants y apprendraient les connaissances et le "savoir-faire" des envahisseurs mais il avait assorti à cette acceptation la condition que l’Ecole ne se situât pas en dehors de la zone d’influence et de contrôle parental[6].

     Dans cette nouvelle optique, la critique consistant à considérer l’attitude du marabout comme passive ou résignée comme d’aucuns ont eu à le penser, nous apparaît sous un éclairage nouveau. En effet, loin d’une quelconque passivité, et à contre-pied de toute idée de résignation, le marabout oppose aux colons français le « stratagème de l’existant », c'est-à-dire la présence concurrentielle dans le même champ d’action de deux protagonistes déterminés à se mesurer l’un à l’autre pour remporter l’adhésion des populations, les positions de faveurs  ainsi que les intérêts  supérieurs en jeu.

    Notons avec intérêt que l’administration française désappointée par la tactique du marabout s’employa avec acharnement à déjouer ses plans. C’est ainsi que, fidèle à sa réputation, elle tenta de le juguler en se servant de la « stratégie du bannissement  et de l’isolement ». La mobilité du marabout à cette époque (différents exils) n’avait d’autre justification que la déroute et l’inquiétude qu’il avait réussi à installer chez ses ennemis : deux exils hors de son pays, au Gabon (entre 1313H/1895 et 1320H/1902) et en Mauritanie (entre 1321H/1903 et 1325H/1907, des résidences surveillées à l’intérieur de son pays, à Tiéyène (entre 1320H/1907 et 1330H/1912 et à Djourbel (entre 1330H/1912 et 1346H/1927). Le but ainsi visé était clair et sans équivoque : maintenir le marabout le plus loin possible de ses fidèles, réduire à néant toute possibilité de propagation de ses idées (faire le siége des idées du Guide). Il était donc évident que le marabout en s’autoproclamant détenteur du flambeau qui éclaire la conscience et la voie du peuple noir avait suscité le courroux du colonisateur : «Fais de moi, par égard [au Prophète] le phare du peuple noir.[7]» Un phare, dira-t-il tendrement, réussit toujours à éclairer de haut et de loin, il méprise les sièges et les encerclements.      

    A cette belle métaphore du marabout, l’administration française répond par des prises de décisions[8] tendant à rendre, dans une certaine mesure, la stratégie du marabout inopérante. En général, l’attitude constante de l’Administration coloniale a toujours consisté à appliquer au marabout la politique du "containment" en canalisant son influence et à répondre à ses "poussées" par la déportation.

    En outre, le Sheikh était conscient du principe islamique selon lequel  « Nul ne peut interdire un comportement s’il ne lui substitue un autre meilleur et qu’il ne garantisse le succès d’un tel changement [9]». Autrement dit, si pour combattre le Mal et prôner le Bien, l’usage de la force devient nécessaire, celui-ci cependant ne pourrait se justifier que s’il garantit la réussite de cette démarche et qu’il n’engendre certainement pas un préjudice supérieur. Ahmadou Bamba savait donc qu’il ne pouvait déconseiller la résistance armée qu’en proposant une autre forme de résistance qui intégrerait l’efficacité des armes sans en comporter les inconvénients. Un pari que le "Sheikh suprême" semble avoir largement réussi. Et, à supposer même que l’action du Sheikh ne se réduirait qu’à une simple imposition du silence aux armes, cela suffirait déjà, pour tout observateur neutre, à la considérer en soi comme une réelle prouesse et une retentissante victoire. 

    On peut donc affirmer, au moment du bilan, que le choix de la stratégie de combat n’est assurément pas fortuit chez le marabout. Il procède d’une attitude responsable et donne un aperçu de l’adéquation de la conduite si judicieusement adoptée, en l’occurrence la non violence, (prélude du  climat de dialogue qui a permis l’octroi de l’indépendance), à la complexité de la situation. C’est une démarche réfléchie imposée par la tournure prise par les événements et les vicissitudes de l’époque. Elle met en évidence la perspicacité du marabout, sa profondeur d’analyse et son opportunisme, en un mot son PRAGMATISME : qualité dont il a fait preuve durant toute son existence.

    Mouhameth Galaye N’DIAYE.

    Bruxelles, Belgique.

    E-mail: galaynd@yahoo.fr

    GSM : 0032-498.84.90.63






    dieuredieufé serigne makhtar Bineta lô, Touba soura

    27/07/2007 17:37

    dieuredieufé serigne makhtar Bineta lô, Touba soura







    TOUBA UCAD

    12/06/2007 14:35

    TOUBA UCAD


    Cet article sera publié ultérieurement.




    TOUBA ucad

    11/06/2007 12:15

    TOUBA ucad


    TOUBALOVERS à l'université cheikh anta diop de Dakar, couronné par le Dahira Miftahu sahada à l'image de serigne bassirou ndiaye se veut un espace ouvert à tout le monde sollicitant une participation ou tout au moins une observation participative dans le but que nous nous fixons: la vulgarisation de l'oeuvre incommensurable de CHEIKHOUL KHADIM mais aussi de tous les illustres personnes ainsi que les panégyriques formés à son école et dont les bases métriques et la prosodie arabe comme wolofal ont ébranlé les plus grands philologues. En outre, le TOUBALOVERS a le plus grand plaisir de consacrer un article à cheikh mouhamadou mourtada( radiyalahou hanehou) dont l'oeuvre inestimable dépasse largement les frontière du Sénégal. Que sa lumière éternelle éclaire nos âmes. Que tous ceux qui s'interessent à ce site ou qui nous ont gratifié de leurs reflexions, de leurs suggestions trouvent ici l'expression de notre sincère gratitude et que les retombées rejaillissent sur les famille et tous ceux leur sont proches! Que Dieu accorde une santé à toute épreuve et une très longue vie au vénéré khalife general Serigne Saliou Mbacké, au khalife des baye-fall serigne cheikh djeumb fall et à tous les descendants de CHEIKHOUL KHADIM pour que l'humanité toute entière continue de bénéficier de la grâce éternelle du tout puissant! Modou Guèye




    Poème dédié au vénéré Cheikh Ahmadou Bamba

    02/06/2007 19:07

    Poème dédié au vénéré Cheikh Ahmadou Bamba


    Au delà de ce qui nous est donné,

    Au delà de ce que nous pourrons donner,

    Existe le domaine des privillégiés,

    Ceux qui émerveilleront tous les esprits éclairés

                     

                      Ceux aux valeurs surhumaines et surréelles,

                            Leur action n est jamais égalée

                              et n aura jamais de parallèle.

                                  C est juste et atypiquement le vénéré khadimou rassoul de Touba

     

            Qui a défendu celui que d autres critiquaient tout bas.

    L être qui a redressé paisiblement le train de vie de l ISLAM,

    Devant le redoutable colon qui réprimait sans état d âme

    Aux résistants qui s abstiennent à l idée de renoncer,

                                 

                                     Mais à travers les durs et éprouvants moments avec les français

                                     Le père de serigne saliou a choisi la victoire de l islam

                                           dans sa totalité Sans jamais eu de remords,

                                                  

      au bénéfice de toute l humanité

          Son retour d'exil est notre fête

    Et sa résistance sans faille témoigne sa place au faîte.

     

        Modou Guèye modou769@hotmail.com gueyemodou20042003@yahoo.fr



    Commentaire de La hawla wa la kouata ila bi Allah (10/06/2007 19:17) :

    Salam alaykoum wa rahmat Allah wa barakatouhou Je vous invite inchaAllah a visiter mon 2eme blog http://soubhanallah99.vip-blog.com :):):) (premier : http://machaallah99.skyblog.com) j espére que vous apprendrez plein de chose sur notre belle religion l Islam inchaAllah :)





    cheikh mouhamadoul mourtada mbacké, radiyallahou annhou

    08/05/2007 16:25

    cheikh mouhamadoul mourtada mbacké, radiyallahou annhou


    serigne saliou mbacke

    Modou Guèye, étudiant à l’ucad

     

     

     

    E-mail : gueyemodou20042003@yahoo.fr / modou769@hotmail.com               

     

     

     


      « (…) En effet, je ne révèle rien en évoquant les déplacements fréquents du Cheikh dans cette partie du monde où il a été au mois de juillet à l’occasion d’une grande rencontre organisée par un américain, le directeur Mouhamed Ballozi, très crédible aux yeux de nombreuses personnalités de l’administration américaine et chercheur de grand talent. Il a approché et cerné la pensée de khadim Rassoul et pris la résolution de cheminer derrière le maître et ami Cheikh Mourtada Mbacké (Radiyallahou han hou)  pour la face d’Allah.

     

     

     

    Soucieux de faire partager à ces compatriotes et à l’humanité toute entière l’universalité du Mouridisme, il décide de faire du 28 juillet la journée Cheikh Ahmadou Bamba à New york. Ainsi, sous la présidence d’honneur de Cheikh Mourtada, de nombreuses personnalités se sont associées à cet évènement qui a connu des temps forts avec la contribution d’un membre du Congrès et d’un député de la ville ; et du reste, des adeptes mourides ont déplacé une capacité de mobilisation extraordinaire.

     

     

     

    Désormais, une structure est en place pour l’information et la documentation tant en direction des mourides que des non mourides afin de mieux servir l’homme à travers Khadimou Rassoul.

     

     

     

    Avant son départ, Serigne Mourtada a réuni à la maison des mourides tous les fidèles autour du thème « Organisation et rôle d’une association islamique ».

     

     

     

    Cette association sera identique à celle créée au Sénégal et les autorités lui ont délivré un récépissé en bonne et due forme. Elle est dénommée « union internationale des institutions culturelles islamiques » et est une cellule de la section mère du Sénégal.

     

     

     

    De la sorte, Cheikh Mourtada Mbacké a mis sur pieds une structure groupant les mourides d’origines américaine et autres. C’est dire que la voie du Mouridisme progresse et l’on ne saurait lui assigner des limites. En somme, le voyage du Cheikh est placé sous le signe de la vulgarisation en réponse aux interpellations de la société américaine représentée en l’occurrence par un membre du congrès, un conseillé Municipal de New York et le docteur Ballozi qui dirige un centre d’Etudes sur le Tiers-Monde. »

     

     

     


     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     






    woloffal ak diang kat you mag yi ----- chansons avec les grands vedettes

    26/04/2007 16:56

    woloffal ak diang kat you mag yi ----- chansons avec les grands vedettes


     

     

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